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La formation et le fonctionnement de la première société de sociologie au monde – la Société de sociologie (1872-1874) d'Émile Littré – sont restés pratiquement inconnus. Fondé sur une recherche prosopographique, cet article propose une interprétation sociologique de sa fondation, de son orientation politico-intellectuelle et de sa fin précoce. Comme l'indiquent son recrutement et certains textes des membres fondateurs, la Société de socio-logie était conçue plus comme un club politique que comme une société savante proprement dite. Guidée en cela par le positivisme hétérodoxe de Littré et par la redéfinition de la socio-logie que celui-ci proposa autour de 1870, la Société de sociologie devait avant tout accompagner intellectuellement les changements politiques que Littré considérait comme impératifs au début de la Troisième République. Or, n'ayant pas trouvé écho à ses attentes, il semble que ce soit sur l'initiative de Littré lui-même et de ses associés les plus proches que les réunions de la Société aient été interrompues. Une partie des travaux généraux sur le statut et les divisions des sciences sociales s'est poursuivie dans le cadre de la revue La philosophie positive (1867-1883), mais les auteurs les plus impliqués dans ces travaux occupaient une position marginale au sein du réseau littréen. Ni le courant républicain dominant autour de Littré et Dubost, ni les réflexions générales sur la sociologie des collaborateurs plus en marge (Mesmer, Roberty, Vitry) n'ont constitué un apport important à la formation de la sociologie universitaire en France. Dans la mesure où la Société de socio-logie a contribué à la diffusion du projet d'une science sociologique et qu'elle a fourni des formes de sociologie suffisamment cohérentes pour être rejetées par les durkheimiens, elle représente un cas d'échec significatif dans l'histoire de la discipline.

This article argues that the translation of books may be fruitfully understood as constituting a cultural world-system. The working of this system, based on a core-periphery structure, accounts for the uneven flows of translations between language groups as well as for the varying role of translations within language groups. The final part outlines how this general sociological model may be further developed.